Il est souvent difficile de savoir exactement ce qui est arrivé en premier : la douleur ou l’anxiété, interagissant de manière complexe. Lors de céphalées chroniques, l’anxiété est exacerbée par les nombreuses structures crâniennes impliquées, avec des fonctions cognitives importantes (mémoire, concentration, émotion..), rendant la douleur plus invalidante qu’une douleur au niveau d’un membre.
La douleur emprunte différentes voies cérébrales passant notamment par l’hypothalamus et l’hippocampe, responsable de la régulation émotionnelle et de la mémoire. Prenez le parallèle entre un kinésithérapeute, qui en même temps qu’il vous soigne, est sur son téléphone. Trop de tâches simultanées lui sont demandées, les actes posés seront moins efficaces. C’est la même chose pour votre cerveau, surchargé par de multiples tâches par la stimulation de nombreuses structures, il utilise beaucoup d’énergie, s’épuise et finit par aggraver l’expérience douloureuse.
Certains médicaments antidépresseurs peuvent avoir un effet anti-douleur tandis que certains anti-douleurs peuvent agir sur la dépression. Si aucune amélioration n’est observée malgré la prise de ceux-ci, il est possible que ce soit lié à un manque de sécrétion de sérotonine et de dopamine, vos médicaments naturels anti-douleurs.
Pour stimuler ces hormones, il est important d’avoir une activité physique régulière, d’améliorer la qualité du sommeil et de gérer l’anxiété. Le traitement des douleurs et céphalées chroniques inclut une approche psychologique, comportementale (modification de certains comportements ou habitudes) et kinésithérapeutique par des techniques manuelles, des exercices physiques et du renforcement musculaire. Le sommeil joue un rôle essentiel dans la régulation des hormones anti-douleur.
Pour les thérapeutes, il est crucial de reconnaître que la douleur chronique, souvent associée au stress et à l’anxiété, nécessite une attitude et une écoute empathique afin d’accompagner les patients. Il existe des questionnaires rapides et faciles d’utilisation à intégrer dans ta pratique, tels que le PHQ-4 ou PHQ-9, qui permettent d’identifier des signes de dépression. En cas de score élevé, il est recommandé de proposer et d’orienter le patient vers un psychologue.

par Manon Pierard